Carré intime 45 / Petites graines d'ananar* / la tête au carré

*  clin d'oeil à Léo Ferré !

8 carrés en 1

 Evidemment nous serions nombreux à nous réjouir d'une victoire de la " vraie "gauche en 2017...

 Mais ne rêvons pas.

 Et même dans la concrétisation de cette utopie, les espoirs d'une réelle émancipation et d'une véritable solidarité de tous les citoyens risquent fort, à peine apparus, de s'effacer et de disparaître dans le tiroir des idées irréalistes et infréquentables.

 La société française actuelle est loin de désirer des changements socio-politiques qui oblitèreraient les aspirations de ses membres à jouir des hypothétiques et sélectives  rétombées du libéralisme. Depuis longtemps, le poison libéral s'est largement diffusé dans tous les esprits, dans tous les compartiments de la société et surtout au sein de  l'humanité entière, ce qui annihile tout espoir de reconstruction sociale localisée.

 Dès sa naissance et pendant son bref passage ici-bas, l'ultime objectif de chacun, sous des formes diverses, se conjugue dans l'avoir, l'appropriation, la possession incluant son bras armé: le pouvoir. Ce qui, il faut bien le dire, ne nous sépare pas vraiment, nous " hommes civilisés " des " hommes naturels" de la préhistoire.

 Et le libéralisme, en poussant la consommation du "nouveau" à son paroxysme dans des temps très courts et dans des espaces très grands, ne fait que précipiter les individus dans ce trou noir aux noms et ramifications multiples:  possesion, privatisation, marchandisation, mercantilisme, productivisme, brevétabilité, décollectivisation... Bref, c'est peu de le dire et le répéter, l'argent est roi, l'économie a vampirisé le cerveau humain. L'économie , le commerce et la financiarisation sont devenus quasiment les seuls niveaux des relations humaines.

 Alors même si certaines "possessions" ne prêtent guère à conséquence et relèvent de la liberté individuelle, d'autres sont beaucoup plus vicieuses et néfastes entraînant des réactions sociales en cascade, vertigineuses.

 Comme la vie dessine  en creux la mort, la possession affirme nécessairement son corollaire: l'exclusion. Celui qui ne possède pas est de facto exclu.

 Que doit-on dire à cette humanité qui se prétend moderne, civilisée, altruiste (?) et qui exclut à la majorité de ses membres, l'accès à l'eau, aux soins, à l'éducation, au toit, à l'énergie ?  Ces droits ne sont pas monnayables et doivent impérativement échapper à la cupidité des spéculateurs et profiteurs de tout poil.

 L'espace-terre, la nature-terre publics ont disparu ou sont en passe de l'être.

 Que doit-on dire à cette humanité qui privative et sacrifie sa propre matrice ?

 Regardons l'espace autour de nous: une myriade de centres commerciaux et de zones industrielles, une nuée de communes-dortoirs, une succession à l'infini de propriétés privées, de murs, de grilles, de caméras, de molosses gueulants qui vous feraient perdre votre amour pour les animaux, de piscines privées, de chemins et de champs privés, de bois (ce qu'il en reste! ) privés, reliant tout cela, rare domaine public, une voirie tentaculaire,  trop souvent utilisée pour accueillir les détritus de  tout ceux qui ont oublié ce que nature et collectif signifient.

 La question se posera forcément un jour quand tout l'espace sera cancérisé par la possession et le privé. Ce cancer social là ne signera-t-il pas la fin de l'épopée humaine ?

"Quand on les voit le lundi ils manquent de sous

 Quand on les voit le mardi ils veulent des sous

 Le marcredi le jeudi ils gagnent des sous

 Quand arrive le vendredi ils ont des sous

 Toute la journée du samedi ils comptent leurs sous

 Et le dimanche jusqu'à midi ils rêvent de sous

 Mais les qui mais les quoi mais les comme qui mais les comme quoi

 Les crocodiles... (...)          (Jacques Brel, Les crocodiles, 1963)

La prééminence de l'argent. Loin de participer à la vie intense, énamourée et joyeuse, sa main froide ne fait que la corrompre. (Raoul Vaneigem, in "Lettres à mes enfants et aux enfants du monde à venir" Cherche-midi 2012)

voir également sur ce site toutes les saines références à Vaneigem (tous les tags)

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Comments

[foise en savoie]

Et non, le carré intime n'est pas revenu.