Carré intime 69 / Socialiste ? / comment se prendre la tête
Cubes et tétraèdres (suite)
Socialiste ?
Personne n’en a le moindre doute, la politique, et particulièrement l’art de la politique, consiste, avec les médias dominants en locomotive, de jouer sur la polysémie des mots *. La liste est longue de ces derniers dont le sens originel a été dévié pour mieux coller à la doxa dominante : « réforme » en est un bel exemple, puisqu’étant devenu le signifiant exclusif des politiques néo-libérales visant à détruire ou à réduire les acquis sociaux ou les solidarités collectives, il en a évidemment perdu toute référence positive avec un quelconque progrès humain.
« gauche » en est un autre exemple, n’existant pratiquement plus que dans sa facette d’enrobage (voire d’enfumage ?) accompagnant les nécessités de « réformes » à opérer ou dans celle, bien pratique, de montrer que face aux excès « droitiers » de certains, il existerait une autre voie, plus douce, pour faire passer les ... réformes.
« socialiste » en est encore un autre. La référence éculée à Jean Jaurès ne suffisant plus, se définir socialiste tient du numéro d’équilibriste essayant de faire cohabiter deux notions antinomiques : socialisme** et libéralisme.
Le Parti Socialiste en pleine scission a sorti de son chapeau un candidat à la présidentielle qui ne correspond pas à sa majorité, mais qui, pur hasard ( ?), met Jean-Luc Mélenchon dans une situation impossible à tenir quant à un éventuel rassemblement.
Exprimé autrement, certains, moi y compris, n’avons pas attendu l’arrivée de Benoît Hamon pour porter nos espoirs vers la France insoumise. Et il ne nous a pas paru évident que celui-ci, pendant ce quinquennat de reniement, ait beaucoup aidé à l’épanouissement de ce mouvement. D’ailleurs, si Benoît Hamon n’avait pas été élu après la primaire de gauche, aurait-il apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon, alors que le but avoué de ces primaires est d’opérer un rassemblement derrière le vainqueur quel qu’il soit ?
Je n’oublierai pas, parmi les innombrables diatribes socialistes contre Jean-Luc Mélenchon, celle proférée par l’actuel porte- parole de Benoît Hamon ( !***), en mai 2013 lors de la manifestation pour la 6ième République : « Quelqu’un peut dire à Mélenchon que la campagne électorale est finie. Les Français attendent des solutions, pas des éructations permanentes. »
On a vu les solutions. Et pour bon nombre de socialistes, Mélenchon éructe toujours et ne propose évidemment aucune solution !
Chacun vote comme il le désire ou comme il le sent. Mais quand j’entends dorénavant la majorité des électeurs socialistes adouber, avec une innocence désarmante, leur nouveau mentor en clamant : « Mélenchon vient de fermer la porte à tout rapprochement de la gauche... », je me dis que la porte était certainement déjà fermée de l’intérieur, que les embrouilles politiciennes sont encore et toujours d’actualité et qu’elles fournissent aux médias du pain-béni pour discréditer un certain et pour manipuler une opinion publique toujours encline à ne pas faire preuve de discernement.
* « La parole a été donnée à l’homme (politique ?) pour cacher sa pensée. » (Talleyrand)
ou
« Le langage politique est fait pour que les mensonges paraissent vrais et les meurtres respectables. » (George Orwell)
** le communisme, n’ayant pu se défaire des expériences malheureuses de l’Histoire, se trouve, pour le moment, trop décrédibilisé
*** Alexis Bachelay
_____________________________________________________________
Pour se retrouver dans tous ces carrés, se rendre dans la catégorie " Récapitulatifs " rubrique " carrés intimes"