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FIGURART  Art et figuration
7 mars 2017

Carré intime 71 / Art et société / comment se prendre la tête...

carré intime 74 vers l'icosaèdre

vers l'icosaèdre (2)

 

Trois constats pour rebondir sur un excellent article de Tony Andreani : «  L’énigme de l’art », réflexion autour du livre d’Yvon Quiniou (« L’art et la vie », le temps des cerises 2015), extrait du blog de Denis Collin (23/12/2015) :

voir également : http://bdomange.canalblog.com/archives/2016/05/26/33853645.html

 

- Le monde contemporain ne s’intéresse plus à l’art. L’art, considéré comme (L’) expression du beau, n’existe pratiquement plus. Evidemment, les musées sont toujours visités et les rétrospectives, savamment agencées, programmées et renouvelées dans le temps, attirent  un nombre considérable de visiteurs : c’est d’ailleurs, comme pour toute marchandise ou comme pour tout spectacle, sur ce seul critère que sont jugés le talent de  l’artiste ou la valeur de la production. Le chiffre  fait la qualité. Les mots « art » et « beau » ont notablement déserté  nos vocabulaires usuels, « culture »  remplaçant le premier, le second se déclinant en «  magnifique, admirable, remarquable, génial, cool ... », évacuant ainsi le rapport au beau, par trop subjectif et ringard.

 [...] « Ce déclin ou cet oubli de la beauté s’inscrit à l’évidence dans la marchandisation du monde. La marchandisation, c’est le règne de l’utile tarifé. Mais, comme l’utile ne fait pas assez vendre, sauf (et encore…) quand il s’agit de ciment, de briques ou de chaudières, les marchands ont utilisé une parodie de l’art, l’ont en quelque sorte prostitué : c’est la publicité, qui joue de façon primaire sur les phantasmes, et qui va même jusqu’à piller les œuvres d’art. C’est l’une des astuces du marketing que d’associer aux objets des connotations artistiques. Un journaliste impertinent faisait remarquer que la musique d’ambiance dans les rayons des grands magasins est une arme secrète du commerçant. Par exemple la musique classique est associée à des produits haut de gamme, même s’il s’agit de pâtées pour chat. Ou encore : «chaque fois que vous ferez vos courses au supermarché, ne vous étonnez pas d’entendre une ambiance de cascade sur un air de Brahms : vous serez au rayons des couches- culottes » )  [...]

[...] Le monde post-moderne est un monde pressé. Il faut produire, vendre et acheter vite, et le reste n’est que délassement, divertissement au sens pascalien du terme. L’œuvre d’art, avec ce qu’elle suppose de suspension du temps et de contemplation, d’épreuve du goût, n’y a plus sa place. Le monde actuel maudit les artistes, qui lui font perdre son temps. Il lui préfère l’évènementiel, le toujours nouveau, il programme l’obsolescence de l’ancien. Il aime les jeux vidéo, parce que le jeu absorbe toute l’énergie ailleurs contenue. Je ne voudrais pas m’étendre davantage, mais je crois pouvoir dire que, dans ce monde « sans cœur », il ne reste plus aux moins cultivés, quand ils ne supportent plus sa banalité et la pauvreté du quotidien, que la religion. Osons le dire, la mort de l’art fait le lit du religieux, un religieux qui fuit autant le mercantilisme que la jouissance sensible, parce que celle-ci a été trop dénaturée par lui. »  Toni Andreani

- Le monde contemporain n’apprécie pas les émotions qui n’aboutissent pas à des consommations. L’approche des œuvres d’art s’épanouit dans la contemplation, le temps long, et pour tout un chacun qui, heureusement, ne peut accéder à la possession matérielle de celles-ci, apporte un bonheur, une jouissance qui est de l’ordre de l’intime et du gratuit, un plaisir lié à  l’être et non un ravissement attaché à l’avoir, un bonheur à portée de l’esprit et non à portée de la main.

 [...] « C’est aussi une façon de nous détourner de l’idée de la mort, qui pourrait nous conduire à relativiser la valeur des possessions. Or ce n’est pas du tout ce que fait l’œuvre d’art. Dans un très beau développement, Quiniou (qui écrit très bien), nous explique comment la satisfaction esthétique, au lieu de nous faire oublier la perspective de la mort, ne nous procure qu’un répit et un moyen de consolation. Un répit, car le temps de la contemplation est celui d’un moment d’éternité (la suspension, la parenthèse dans la fuite en avant). Un moyen de consolation car elle nous ouvre sur la permanence de ces œuvres qui traversent les siècles et qui nous émeuvent encore. Et bienheureux celui qui peut laisser une telle trace.» Toni Andreani

-Le monde contemporain n’aime pas l’infinie patience du travail de la main qui fait la belle œuvre. La  mise en « forme » est affaire de logiciels et de machines. Le pinceau n’est plus de mise, la main qui l’épousait prolongeant l’esprit n’est plus au goût du jour. Un doigt ou deux suffisent pour accéder au clavier, l’acte technique est rapide, modulable,  très performant, directement transférable au plus grand nombre et au monde de l’argent.

Peindre comme je le fais, en  travaillant (avec plaisir !) plus de 120 heures à la réalisation d’un tableau à l’huile n’a aucun sens dans ce monde contemporain, et surtout n’a aucune valeur marchande. Le travail minutieusement révélé par une main expérimentée (vu mon âge, je me l’accorde !) et le temps, dépensé sans compter, ne sont pas actuellement des critères positifs  mais bien plutôt des handicaps, des tares, des critères de non-compétitivité.

Mais ma peinture n’a peut-être aucun rapport avec l’art... juste quelques traces visuelles que Dame Nature a bien voulu me révéler et que je m’ingénie à exprimer.

 [...] Il me reste à nommer, de son propre nom, l’organisateur de ce monde contemporain. C’est, on l’aura compris, le capitalisme absolu, celui qui aspire à faire fructifier à l’échelle la plus large possible et dans tous les domaines possibles, l’argent de la thésaurisation et de la spéculation. Toni Andreani

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Pour se retrouver dans tous ces carrés, se rendre dans la catégorie " Récapitulatifs " rubrique " carrés intimes"

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FIGURART  Art et figuration
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FIGURART Art et figuration
  • Travail pictural basé sur l’incidence subjective dans la représentation, la refiguration de réalités naturalistes apparemment objectives ; d’où un aller-retour incessant entre science et art, entre savoir mathématique ou biologique et émotion esthétique.
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