Carré intime 83 / Les gens qui réussissent et les gens qui sont rien/ comment se prendre la tête...
octaèdre dans tétraèdre
"Les gens qui réussissent et les gens qui sont rien."
Ce genre de propos tenus, après d'autres de la même mouture, par un Président de la République censé rassembler tous les citoyens de son pays, a evidemment un aspect violemment méprisant envers tous les laissés-pour-compte actuels ou en devenir de cette société libérale qui le stimule tant.
Car dans cette dernière, il y a les gens qui réussissent et les gens qui sont rien mais qui sont indispensables à la réussite des premiers. Et faire croire que tout un chacun, s'il souhaite réussir, réussira est une imposture particulièrement immorale. Dans une société libérale, la réussite de l'un, marquée sous le sceau de la concurrence, de l'exploitation et de la compétitivité (compétition = un vainqueur, des vaincus), se fait toujours au détriment d'un autre.
Monsieur le Président de la République pense-t-il sincèrement que les 13 millions de travailleurs pauvres en Allemagne qui, bien obligés, ont accepté les règles du système, sont des gens qui réussissent ?
De plus, cette affirmation quant à la division de la société sur la base de la réussite, réactive l'appartenance à deux classes antagonistes, celle des dominants et celle des dominés. Bien content d'apprendre que Monsieur Le Président de la République confirme que la lutte des classes est toujours d'actualité.
Il est vrai que cette conscience de classe est quelque peu en dormance, la conscience des gens étant toute entière assujettie à leur incontournable réussite future ... puisque des gens "hauts placés" ,jeunes, constructifs, dynamiques, nouveaux et modernes leur ont dit. Mais soyons lucides, ces propos ne sont pas l'apanage de nos seuls dirigeants politiques, ils se sont imposés dans le monde de l'entreprise et du travail, sous une forme de novlangue managériale comme la base du chantage propre au discours libéral.
" On domine d'autant mieux que le dominé en demeure inconscient.* " (Ignacio Ramonet)
* ou qu'il est en vacances !
" L'inconscience est plus que le poids mort de l'histoire, c'est le soutien, c'est la complice d'un système oppresseur. " (Antonio Gramsci, in " Je hais les indifférents")
" Existe-t-il même une conscience de classe des dominants s'opposant à l'absence de conscience de classe des milieux populaires ou des classes moyennes? " (Emmanuel Todd)
et un très beau texte d'Eduardo Galeano sur ... les rien : http://bdomange.canalblog.com/archives/2015/04/18/31910972.html
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